dimanche 20 avril 2014

Le riquiqui oisillon fait son nid

Ce n'est pas toujours facile de savoir où les enfants en sont de leur intégration dans leur nouveau monde. Voilà encore un mois, je demandais à Agathe comment se passait sa journée à l'école. Sa réponse a été brève :" Je ne parle pas, je ne rigole pas, je ne m'amuse pas ..."

Gloups ... sueurs froides ... j'ai beau repensé à Laurence et Bart dont les enfants ne se souviennent plus de leurs premières semaines difficiles en Pennsylvanie, ma confiance vacille. Et ce ne sont pas mes collègues français, expatriés eux (= lycée français de Chicago), qui me rassurent lorsqu'ils nous trouvent épatants et courageux...

Mais le printemps nous a amené nos premières lueurs d'espoir. La soirée du Living Museum s'est poursuivie par les portes ouvertes de l'école élémentaire et j'ai pu ... ENFIN... rencontré Mrs G. l'institutrice d'Agathe. C'est une vraie crème très patiente et attentionnée. Elle trouve Agathe 'smart' et la compare à une éponge  :-)  Elle absorbe tout ce qui se passe autour d'elle, emmagasine les infos et participe même en classe ... quand la réponse ne nécessite qu'un mot! A la maison, elle nous offre parfois quelques mots en anglais avec un joli accent américain à nous faire pâlir de jalousie ou de découragement car pour Fabrice et moi, c'est trop tard : notre accent 'frenchy' est bien ancré.

Le WE dernier, Agathe était invitée a sa première 'birthday party' : direction le Moyen Orient pour une rencontre avec Jasmine et Aladdin. 



Sa copine Naïla avait invité des copines de classe (+1 jeune homme inconnu au bataillon dixit Agathe) à une pièce de théâtre/comédie musicale sur le thème d'Aladin. Seul petit bemol, les filles l'avaient déjà vue avec leur classe, mais cela n'a pas eu l'air de les déranger ... elles ne se lassent pas des jolies robes et déguisements. En prime, elles ont eu droit à la jolie photo souvenir ... Agathe m'a au moins demandé 10 fois si je pouvais la prendre en photo ... bichette ...


Petite précision : j'ai moi aussi participé à cette fête d'anniversaire, car Agathe m'avait certifié qu'elle n'irait pas si je ne restais pas avec elle. J'ai ainsi pu constater à quel point elle est muette au milieu de ces petites filles... alors qu'elle est si bavarde à la maison!

Nouveau pas en avant hier: au parc de jeu, Agathe a rencontré sa copine Gianna. Pour la petite histoire, Gianna est un des premiers prénoms qu'Agathe a su retenir dans sa classe. Gianna est une copie conforme de la nôtre: longs cheveux bruns, langue bien pendue ...  :-)
dernière d'une fatrie de 3 enfants, avec deux grands frères de 11 ans et demi et 9 ans...tiens donc...
Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'Agathe m'a demandé si elle pouvait aller jouer chez Gianna!!!! En deux temps trois mouvements, j'ai juste eu le temps de prendre les coordonnées de la maman de Gianna et de convenir d'une heure de 'récupération', les deux fillettes partaient bras dessus bras dessous.

... oui, de petites lueurs d'espoir s' allument enfin au bout du tunnel ...

5 commentaires:

  1. Plein de courage pour la petite Agathe ! Tant mieux si elle commence à avoir des petites copines. Le fait d'être invitée à un anniversaire est un très bon signe d'intégration. Bisous à toute la famille !

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  2. On se sent à peine visé quand on lit votre blog :-)

    En fait c'est super important qu'Agathe se met à vous épater avec son accent américain. Même si c'est que pour quelques mots ici et là, vous allez voir qu'en réalité c'est tout bon et qu'elle comprend déjà bien plus qu'elle ne fait paraître. Je vous parie tout ce que vous voulez qu'à partir de maintenant vous allez voir une accélération foudroyante dans sa progression. Elle a fait le plus dur.

    - Monsieur Freud, pourriez-vous expliquer s'il vous plaît ?
    - Bien entendu, avec plaisir !
    Tout d'abord l'apprentissage de la langue se distingue en deux phases, une passive et une active. Dans la phase passive, l'enfant est désemparé, ne comprend rien, et a l'impression qu'on lui parle dans un brouhaha incompréhensible.
    - C'est horrible ! Pauvre enfant !
    - En effet ... mais petit à petit, l'enfant se met à "deviner" ce que ce brouhaha signifie (au début il croît que ce sont des coups de chance, mais il se rend progressivement compte que les coups de chance se répètent un peu trop souvent) et petit à petit se met à identifier une structure (d'abord inconsciemment, ensuite consciemment)
    - Fascinant ...
    - Je ne vous le fais pas dire. Et dans un environnement de confiance (genre une classe ou tout le monde brouhahate de toutes façon) il commence à se lâcher at sort un de ses propres brouhations pour voir et tester. L'enfant se rend compte que ses brouhations tombent de plus en plus justes (ou en tout cas qu'ils provoquent les réactions souhaitées de ses co-brouhateurs)
    - Excellent !! Tout est donc fini, et l'enfant apprend la nouvelle langue.
    - Pas encore tout à fait ... maintenant il faut faire le plus dur ...
    - Ah bon ? C'est pas encore fini, cette torture ?
    - Non, il faut "tuer le père" et transgresser le Grand Interdit : montrer aux parents qu'on sait faire des choses qu'eux ne savent pas ... leur souffler des mots qu'ils ne connaissent pas, montrer qu'ils n'ont pas compris ce que dit la dame ou rectifier leur accent horrible. C'est finalement la partie la plus jouissive.

    Good luck les Vinci juniors ... allez-y et mettez la pâtée à vos parents !

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  3. Et oui et oui ! C'est comme ça qu'ils ont appris le français aussi ! L)à où tout m'échappe c'est : mais pourquoi ne s’inspire t-on donc pas de cette méthode naturelle pour enseigner les langues à l'école ????
    Je pense que c'est en partie parce que les parents veulent "voir" et avoir" des notes. si on leur dit : ben au premier trimestre on ne va QUE écouter des histoires, voir des vidéos, écouter des chansons et non, vos enfants ne sauront pas dire "My name is" ni conjuguer le verbe avoir... les parents seraient perdus. Mais ça marcherait peut-être mieux !

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    1. En réponse à ton message Céline, je pense que le temps d'immersion de nos petits français dans les langues étrangères n'est pas suffisant pour permettre un apprentissage par l'intermédiaire de supports moins "conventionnels" tels que tu les listes. En clair, la brouhahatisation aurait du mal à prendre avec aussi peu d'heures de langues étrangères. Une solution serait effectivement d'augmenter radicalement la part de des activités en anglais, allemand ou autre pour que ta solution porte ses fruits.
      Pour ma part, je pense qu'à défaut d'un volume horaire suffisant, il vaut donc mieux conserver un apprentissage un peu plus "scolaire" des apprentissages de base (se présenter, les verbes de base...). Dans tous les cas, il serait utile que l'enseignement des langues en France soit plus poussée, plus jeune car quand je vois que Florent a uniquement réappris chaque année à se présenter, à donner son âge et dire où il habitait pendant ses 3 années d'allemand du primaire, c'est à désespérer.
      Fabrice

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    2. il existe des écoles publiques (et privées) qui enseignent en imprégnation la moitié de la journée. Il y en a à Nancy et certainement à Metz. Je peux chercher si vous voulez.
      Ce qu'il faut savoir, c'est que pour que ça marche il faut vraiment que ça ait un sens pour l'élève. Et l'imprégnation, c'est bien si :
      - on est sur place et qu'il faut comprendre la copine ou
      - on va voir le pays en vacances
      - si on le parle ou on regarde des films en VO ou si on lit à la maison en VO ...

      Dans mes classes traditionnelles, je me heurte souvent à "je veux pas apprendre parce qu'après je serai cuisinier" ou "mon père dit que l'allemand ça sert à rien" ou "de toute façon, j'irai jamais en Angleterre alors ...". J'ai beau varier les supports à 25 ou 30, c'est difficile....
      d'autant que même à et âge-là, ils ont des complexes sur leur accent et du coup, ils n'ouvrent pas facilement la bouche !!! J'ai moins de mal à leur apprendre des rudiments d'anglais que l'allemand, car la réputation de l'anglais est meilleure, hé oui, même au CE1 !!!!

      Nous qui avons vécu les deux, on peut dire que :
      - notre dernière parle américain sans acccent l'ayant appris à l'âge d'Agathe. Très difficile les 2 premiers mois, puis "piece of cake"
      - l'avant dernier est arrivé en CM1 comme Alexis et s'en est très vite bien sorti (grâe aux maths et aux sciences où c'est transparent)
      - le 2e arrivé en 6e n'ayant fait que de l'allemand a très vite appris aussi.
      - notre ainée l'a appris en France seulement à partir de la 6e (elle était en européenne allemand ;-) et n'a pas eu de soucis. I Remarque de ses profs :"arrêtez de complexer avec votre accents vous les français. Vous savez quantité de choses dont la grammaire et l'orthographe. Vous ne croyez pas que les allemands ou italiens ou chinois n'ont pas d'accents ? même les anglais !!!"
      Donc, malgré tout même si on a l'impression que l'apprentissage en France n'est pas suffisant, ils apprennent. Il faut leur faire confiance et c'est pas parce que je suis prof des écoles ;-) Tant pis pour l'accent, ils paufineront s'ils ont vraiment envie, ce n'est pas les moyens qui manquent...Ne desespérez pas ;-)
      Laurence

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